La catastrophe sociale de « la Bosch » aurait pu être évitée
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Le groupe Bosch supprime 750 emplois sur 1 250 dans son usine de Rodez. Désastre, choc, séisme… aucun mot n’est trop fort pour qualifier cette annonce. Premier employeur privé du département, avec un rayonnement qui induit 6000 emplois indirects, « La Bosch » fait battre le cœur de l’agglomération et plus largement d’une grande partie de l’économie aveyronnaise depuis des décennies. Aujourd’hui la direction ne garantit 500 emplois que jusqu’en 2025. Or, sans projet industriel sérieux, la disparition à terme de ce fleuron est à craindre. C’est donc une véritable saignée pour l’économie du département et de nombreuses familles aveyronnaises, à laquelle risquent de s’ajouter de probables suppressions d’emplois à la SAM à Decazeville.

La politique de l’autruche

Depuis près de 10 ans les consommateurs se détournent du diesel et le dieselgate en 2015 n’a fait qu’accélérer ce processus. Cette motorisation qui représentait 72% des ventes de véhicules en 2012 est descendue à 34% en 2020, soit au niveau de …1990 ! Plutôt que d’accompagner cette évolution, d’anticiper et d’adapter l’outil de production, le groupe Bosch et les pouvoirs publics ont joué la politique de l’autruche !

Comment en est-on arrivé là ? la responsabilité de l’entreprise Bosch

C’est une faute de la part du groupe Bosch d’avoir laissé le site ruthénois pieds et poings liés à l’évolution du marché du diesel alors que la direction ne pouvait ignorer son déclin. Entre 1966 et 2018 le site ne produit que deux composants : des bougies et des injecteurs diesel. Ce choix de spécialisation porte aujourd’hui un coup fatal à notre territoire.

C’est une faute de la part du groupe Bosch de ne pas avoir investi sur le site ruthénois alors qu’il le faisait pour consolider ses usines à l’étranger, notamment en Turquie.

C’est pour nous le signe d’une stratégie délibérée de sacrifier le site de Rodez au profit d’autres sites ayant une main d’œuvre à bas coût.

En 2018 les employés de Bosch ont dû accepter des  efforts salariaux dans le cadre d’un accord de compétitivité en échange de la création de 300 emplois dans des activités de diversification. Finalement, ce tournant souhaitable pour l’entreprise n’a abouti qu’à 40 nouveaux postes.

C’est une faute de la part du groupe Bosch de ne pas avoir tenu ses engagements alors que de l’argent public a servi à financer une partie du chômage partiel : la puissance publique devrait exiger des contreparties.

Comment en est-on arrivé là ? la responsabilité des politiques

Cela fait 30 ans que les normes anti-pollution évoluent. Plus récemment, ce sont les enjeux climatiques et de santé publique qui ont imposé et imposeront encore le durcissement de ces normes. Mais face à cette mutation, aucun gouvernement n’a mis en place une réelle et ambitieuse politique de reconversion. Plus grave, Emmanuel Macron, alors ministre de l’économie en visite à Rodez, déclarait en 2016 que le moteur diesel était « au cœur de la politique industrielle française ». Or, en 2019, le président Macron faisait voter la fin de la vente des véhicules essence ou diesel à l’horizon 2040 sans stratégie industrielle pour accompagner la nécessaire évolution de l’emploi des entreprises de la filière automobile !

L’état, 1er actionnaire de Renault qui est le principal client de la Bosch et de la SAM, doit d’abord exiger de Renault qu’il cesse de se fournir à l’étranger et soutienne la production sur le sol national de composants pour les nouvelles motorisations.

L’avenir du site : la reconversion industrielle dans les secteurs d’avenir

EELV demande aux pouvoirs publics et au groupe Bosch qu’ils assument leurs responsabilités en créant un dispositif de sauvegarde de l’emploi Etat-région Occitanie-Rodez Agglomération qui doit associer étroitement l’entreprise, les syndicats et les salariés et privilégier la diversification du site.

Pour éviter des licenciements secs, pour la reconversion des emplois, ce dispositif devra aider financièrement et accompagner les salariés de la Bosch mais aussi de toutes les entreprises locales liées à son activité.

Surtout, pour EELV, tout doit être mis en œuvre pour pérenniser l’activité du site avec un véritable projet de réindustrialisation. Relocalisons !
Engageons dès maintenant une véritable transition écologique et sociale, synonyme de reconquête d’emplois durables tournés vers les secteurs d’avenir !