Rodez : 14 ans d’inaction climatique qui coûtent cher aujourd’hui
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Cet été de sécheresse, canicules et incendies a marqué les Aveyronnais. Les militants écologistes du ruthénois souhaitent dénoncer l’inaction depuis de nombreuses années de la part de beaucoup d’élu.es locaux face à l’urgence climatique. La crise énergétique en particulier, liée à la conjoncture internationale, s’invite partout et donc aussi à Rodez.
Nous apprenons en effet que l’envolée des prix de l’énergie grève les finances de la ville à hauteur de un million d’Euros cette année, et de même à l’Agglo. Nous aimerions évoquer les investissements sur l’agglomération qui ont été effectués depuis 14 ans pour anticiper cette situation.


14 ans d’inaction sur la rénovation thermique et les énergies renouvelables

Deux des mesures les plus efficaces pour réduire la facture énergétique des collectivités sont connues des élu.es depuis plusieurs années : la rénovation énergétique des bâtiments et le développement des énergies renouvelables. Questionné sur le premier point, M. le maire- président évoque la modernisation de l’éclairage public (mis en œuvre depuis 2016, et largement subventionné par l’État). C’est bon pour les finances publiques, mais nettement insuffisant par rapport aux enjeux actuels.
S’il répond à côté, c’est que depuis 14 ans, il n’y a pas eu de plan de rénovation énergétique de l’ensemble des bâtiments publics sur l’agglomération, notamment d’isolation par l’extérieur. La construction neuve n’a pas échappée à ces écueils. Pour exemple, l’isolation de la salle des fêtes a été faite à minima, selon les normes réglementaires du moment, sous prétexte que la pose de panneaux solaires sur le toit compenserait le manque d’isolation ! Au final, on a un bâtiment fort coûteux en énergie et sans panneaux solaires.
Pour le second point : M le maire-président cite la pompe turbine mise en service en 2015 qui permet à l’usine de La Boissonnade de couvrir sa consommation électrique et des panneaux solaires sur un bâtiment seulement. Mais où sont tous les autres projets d’énergies renouvelables qui renflouent les budgets ? De plus, un plan de rénovation énergétique couplé à des projets d’énergies renouvelables est créateur d’emplois socialement utiles, notamment pour le BTP.


Une occasion historique ratée: le réseau chaleur de Combarel

Quand le quartier de Combarel a été construit, une étude technique a été livrée pour déterminer le meilleur choix d’énergie pour le chauffage.
L’étude technique concluait à l’époque: la solution bois avec réseau de chaleur est « celle qui permet d’atteindre les objectifs de l’éco-quartier […] elle permet de limiter grandement les émissions de gaz à effet de serre et la consommation d’énergie [donc] la plus économiquement avantageuse du point de vue de la facture énergétique ». La chaufferie bois aurait pu être raccordée à la salle des fêtes, le musée Soulages et l’Amphithéâtre. Cette solution était financée à 50% par une aide publique donc en investissement n’était pas plus chère pour la collectivité que la
solution gaz qui a été choisie, à l’encontre de l’avis des experts en énergie.
A l’époque déjà on savait aussi que les prix du gaz augmenteraient à terme: comment justifier aujourd’hui ce mauvais choix stratégique ?


Le décalage entre l’affichage et les actions : le « greenwashing »

L’agglomération est la zone géographique de l’Aveyron qui émet le plus de Gaz à Effet de Serre (GES). La responsabilité de son président à faire appliquer le Plan Climat Air Énergie Territorial (PCAET) n’en est que plus grande. Ce plan comporte 70 actions et 22 objectifs pour participer à la lutte contre le changement climatique sur la période 2018-2023. Le projet sur le papier semble à la hauteur mais les réalisations concrètes ne suivent pas. Il suffit de consulter sur le site de l’Agglo l’avis critique de l’autorité environnementale. Le récent rapport de bilan
intermédiaire du PCAET nous alarme : lapidaire, il indique que les GES sont stables depuis 2018
alors que l’objectif est évidemment de les réduire. En résumé : le PCAET est un très bon outil mais
malheureusement une coquille vide.
Convention de territoire à énergie positive, Contrat de transition écologique : les dispositifs s’empilent, ainsi que diverses actions médiatiques comme les consultations citoyennes ou les assises du développement durable prévues en 2023 pour un PCAET 2023/2030. Mais les actions de transition énergétique sont rares et sans ambition, au coup par coup et sans vision. Car M. le maire-président a un crédo : pas de subvention suffisante, pas d’action. Et sûrement pour éviter d’interroger son bilan en la matière, il affirme que ni l’État, ni la Région ne financent la géothermie. Or c’est faux. De nombreuses aides existent depuis des années pour accompagner les collectivités territoriales et les acteurs publics locaux dans les solutions de géothermie, de bois énergie, ou de photovoltaïque, de la part de la région Occitanie, de l’ADEME, de la Banque des Territoires…
Le décalage entre les ambitions affichées et l’absence de volonté politique porte un nom : « le greenwashing ».


La nostalgie des 30 glorieuses … en décalage avec les enjeux actuels

Malheureusement, l’édile est resté bloqué dans les 30 glorieuses, quand l’énergie semblait abondante et était bon marché. Mais il est nostalgique d’une époque révolue. Nous, nous regrettons les 14 années passées qui n’ont pas anticipé la crise climatique actuelle annoncée depuis 40 ans. Pourtant, depuis 2008, les écologistes lui ont proposé des mesures mais ils n’ont pas été écoutés. Nous regrettons la dégradation du bien être quotidien des habitant.es et plus particulièrement des plus défavorisé.es, qui sont les premiers touché.es.
Il reste aux élu.es actuels de l’agglomération 3 ans pour agir enfin. La meilleure énergie est celle que l’on ne dépense pas : rénovation thermique couplée à des énergies renouvelables mais aussi développement des mobilités douces et des transports en commun (avec parkings relais et navettes gratuites) sont les priorités pour réduire la consommation d’énergie de tous.